En moyenne, une personne menstruée dépense 3500€ pour son hygiène menstruelle pour toute sa vie (des premières règles à la ménopause (source : Le Monde.fr). Depuis quelques années une petite nouvelle a fait son apparition : La culotte de règles. Elle est devenue célèbre et se démocratise car c'est bien une (petite) révolution. Aujourd'hui on interview Cynthia Afonso, entrepreneuse passionnée créatrice de la marque de culotte Fridas.
Fridas c'est des culottes absorbantes pour vous simplifier la vie, pour préserver votre peau et pour un cycle menstruel plus naturel.
Salut Cynthia, tu te présentes un peu pour celleux qui ne te connaissent pas ?
Je suis une jeune active qui a démarrer sa vie professionnelle - post-études - en créant sa marque de lingerie menstruelle :
Fridas.
Depuis 2 ans maintenant, j’ai la casquette de chef d’entreprise. Une des activités que je préfère chez Fridas est le développement produit : imaginer, trouver les tissus, créer, façonner ...J’adore ! Les retours clients en bonus, c’est très gratifiant.
Les marques de culottes menstruelles sont de plus en plus nombreuses sur le marché ! Pourquoi ?
Oui ! Un beau palmarès de marques Françaises aussi. Ce que je trouve très bien en soi, parce que ça reste une alternative dont le concept est plus écologique, plus confortable et mille autres vertus. Que ça se démocratise, c’est très bien mais attention à ne pas acheter n’importe quoi.
Pourquoi ? Parce qu’on parle de plus en plus de règles. Je n’invente rien selon mère nature il y aura toujours des personnes menstruées sur terre et donc, une demande de solution pour concilier la vie active et les menstruations. Comme pour les protections jetables, les culottes menstruelles commencent à prendre de la place sur le marché des protections, comme la cup avant elles. Maintenant que le choix est là, il faut faire le « bon »; c’est au consommateur.rice de décider de son achat : pour la marque, pour le modèle, pour la provenance, la confection, pour le prix …
Pour moi, un bon produit est un produit qui se travaille, qui s’adapte aux retours et évolue. Je pense que c’est d’autant plus vrai pour les culottes menstruelles dont l’émergence est récente 3-4 ans et dont les nombreux tabous sur le corps et l’intimité ne nous permettent pas de trouver la solution parfaite du premier coup.
Beaucoup de personnes ont entendu parlé des culottes menstruelles, mais n’ont pas passé le cap de tester. La faute, entre autre, au prix, à la peur de la fuite, et à la peur de ne pas être au sec. Que peux-tu nous dire de ces 3 craintes majeures ?
Je comprends ! C’est pas évident de tester quelque chose, c’est l’inconnu, toutes nos appréhensions font surfaces. D’abord il s’agit de trouver la protection qui vous conviendra le mieux et ce n’est peut être pas la culotte.
Personne mieux que vous ne sait quand se changer, quel jour votre flux est plus ou moins fort, la morphologie de vos cuisses, votre sensibilité … Ces questions vous y avez déjà répondu avec votre protections actuelle, vous savez ce qui va et ne va pas. Vous connaissez et avez adopté, assimilé votre protection actuelle.
Vos craintes si vous n’avez jamais testé les culottes, sont donc les craintes que vous avez de votre protection actuelle. Le risque d’humidité est quelque chose qui revient souvent, c’est souvent des personnes utilisant des serviettes jetables, plastifiées. Avec les culottes, votre peau est en contact avec du coton, connu pour laisser respirer la peau et respecter les peaux sensibles.
Pour le risque de fuite, je réponds toujours, qu’aucune protection ne peut assurer un zéro fuites. Trop de facteurs entrent en jeu, il y a toujours un risque, on est jamais à l’abri d’un accident. Ce qu’il faut assimiler avec la culotte menstruelle, c’est que la protection est là. Invisible, discrète, confortable et absorbante ! La peur de ne pas être protéger se transformera en confort optimal, avec la sensation de ne rien porter.
Concernant le prix, 20 à 50 euros la culotte menstruelle en moyenne, peuvent refroidir. Il faut savoir qu’une culotte menstruelle dure 3 ans minimum et c’est donc un investissement long terme en tant que protection.
Mais on se trompe souvent en faisant le lien entre le prix des protections menstruelles jetables et la culotte menstruelle. On compare 4-5euros pour un produit confectionné par des machines, à 20 euros minimum pour de la lingerie conçu main. Et pourtant en production ce n’est pas le même coût, pour confectionner une culotte il faut un.e couturier.e, du fil, un.e patronnier.e, un.e découpeur.se … Les protections jetables sont faites industriellement par des machines, c’est incomparables. Si on compare le prix à de la lingerie lambda de qualité, le prix est raccord à celle de la lingerie menstruelle. Evidement, il y a des tricheurs mais je ne rentre pas dans le cas par cas.
Ce qui est réticent surtout c’est 30 euros pour quelques chose dont je ne sais pas si je trouverais l’utilité. Pour vous rassurer, je dirais que vous pourrez toujours l’utiliser quand vous n’êtes pas sûr.e d’avoir vos règles, en fin de cycle, la nuit ou après des rapports sexuels. Pour le moment, même les plus réticents on trouvé une utilité à mes culottes, j’ai eu des retours clientes me disant qu’elles portaient les culottes sans avoir leurs règles, pour le confort.
Quels sont les éléments à prendre en compte pour bien choisir sa marque de culotte menstruelle ?
Un peu de tout ce que j’ai dit précédemment. En tant que consommateur.rice il faut se poser les bonnes questions, pour résumer une bonne « chasse de marques de culotte menstruelle » je dirais qu’il faut :
Commencer par faire une sélection de modèles qui vous plaisent, toutes marques confondues. Il s’agit, aussi, de se sentir au top tous les jours du mois.
Ensuite, faire une préférence selon la composition (qualité du tissu), la provenance (qualité de la coupe, des tailles, des coloris), l’apparence de la marque (sa communication, sa relation client) : ce sont des facteurs de qualité et durabilité du produit.
Je pense que les avis clients sont importants pour faire son choix, il sont les meilleurs témoignages qualité.
Aujourd’hui on est plusieurs marques à vouloir être proche de nos client(e)s et trouver des solutions aux difficultés menstruelles, apporter des conseils et vouloir vous accompagner pendant vos menstruations. C’est vers ces marques qu’il faut se tourner, parce qu’elles sont engagées à améliorer leur produit par rapport à vous et vos besoins.
Porter une culotte menstruelle, c’est toujours écologique ?
Si leur utilisation permet d’éviter l’utilisation d’une protection jetable et donc d’éviter de générer des déchets, oui. Maintenant, je le répète l’industrie textile est la deuxième plus polluante, une culotte c’est du textile. C’est aux marques, d’innover et de faire un effort. Fridas propose des tissus recyclés, c’est plus difficile en terme de fournitures, c’est plus cher aussi et encore peu développé: c’est ma contribution vers un produit plus écologique.
C’est délicat de dire « c’est écologique » aujourd’hui, ça peut toujours être controversé et beaucoup de facteur sont a prendre en compte, le processus de production, la logistique, les matières premières ... Être une marque consciente de son empreinte et essayer de trouver la solution la plus verte possible, c’est contribuer avec vous à en faire un produit plus écologique.
Pour ma part, depuis 3 ans je ne génère plus aucuns déchets liés à mes menstruations. En considérant : 2 serviettes jetables par jour sur 7 jours de règles = 504 serviettes.
« Toujours écologique », peut être, en tout cas toujours plus que du jetable.
Cynthia, jeune entrepreneuse multi-casquette, nous raconte son parcours.
Tu faisais quoi avant de te lancer dans l’entrepreneuriat ?
J’étais étudiante! J’ai lancé Fridas à la fin de mes études, j’ai monté le business plan pendant mon stage de fin de master en Négociations internationales à la fac.
Quand tu as annoncé à tes proches que tu allais fonder une entreprise de culottes menstruelles, comment ont-ils réagis ?
Pour ma famille, je pense qu’ils n’y ont pas vraiment cru. C’est quand ça a commencé à se concrétiser que les réactions se sont faites entendre. Pas super emballé.e.s par la thématique au début, aujourd’hui on parle de beaucoup de sujets plus « intimes ». A ma grande surprise, mon père est mon très fidèle conseiller.
Pour mes amis, très emballés et fidèles depuis la création, ce sont mes réels soutiens dans les moments difficiles.
En France, le montant moyen accordé aux start-up dirigées par des femmes est 2,5x inférieurs qu’à celles fondées par des hommes. Est-ce que le financement à aussi été une étape difficile pour toi ?
Je n’ai jamais eu de financement, mise à part ma campagne ulule. Mais je pense que dans la recherche de financements comme dans d’autres étapes de la vie entrepreneuriale, quand on est une femme on se heurte parfois aux préjugés attribués à notre genre.
As-tu déjà ressentis que le fait d’être une femme était un frein dans les différentes étapes de la vie de ton entreprise ?
Oui! On m’a même déjà dit textuellement « C’est pas une femme, qui va commander ce que je fais. » En 2020, c’est grave.
C’est ce que je disais avant, les préjugés, la culture encrée ça ne s’efface pas comme ça et dans le monde du travail et de l’entrepreneuriat, les femmes doivent s’affirmer et batailler davantage comme dans beaucoup d’autres domaines.
L’entrepreneuriat, ça représente quoi pour toi ?
C’est une façon d’être. L’entrepreneuriat ce n’est pas avoir une entreprise, c’est entreprendre. Pour moi, les bénévoles de n’importe quel organisme, sont des entrepreneurs. Ils sont dans l’action, ils font tout pour contribuer à ce qui leur plaît. C’est avoir le plaisir de faire parce qu’en faisant on se sent vivre, utile, bien, on fait, on agit, on contribue.
C’est quoi les news chez Fridas en ce moment ?
En ce moment, je fais un petit break pour me recentrer sur mes futures projets. J'avais besoin de prendre un peu l'air pour revenir en force, vous aurez de mes nouvelles bientôt !
Merci à Cynthia d'avoir répondu à nos questions.
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